Un « automne libanais » se forme t-il à l’horizon?
Sommes-nous à la veille d’une révolution populaire et purement citoyenne au Liban ?
La révolte populaire qui a débuté par une contestation contre l’incapacité du gouvernement de Tammam Salam à répondre à la crise des ordures et qui se poursuit jusqu’à présent par des slogans scandant la chute du gouvernement, l’organisation anticipée d’élections parlementaires suivies par une élection présidentielle et donc éventuellement la remise en question du notre système institutionnel; commence à se concrétiser.
Si une révolution voit le jour, plusieurs scenarios sont présentés et voulus par les manifestants, qui adhèrent aux mouvements tels que « Vous Puez », « Nous Réclamons Des Comptes » ou « Laissez-Nous Tranquilles ».
De s manifestants soulèvent le drapeau libanais avec la croix chrétienne et le croissant musulman lors d'un rassemblement de masse contre une classe politique dite "corrompue et incapable de fournir les services de base" le 29 Août 2015 Place des Martyrs à Beyrouth / AFP PHOTO
Certains verraient d’un bon œil une transition militaire afin de réécrire une nouvelle constitution qui ne se baserait pas sur les accords de Taif, ouvrant la voie à une nouvelle constitution confessionnelle ou laïque. D’autres contestataires prônent une élection présidentielle sans attendre, suivie d’élections parlementaires aboutissant à une nouvelle formation du gouvernement. Cependant, certains protestataires dénoncent le fait qu’une élection présidentielle rendrait le président de la République illégitime juridiquement et constitutionnellement vu qu’il serait élu par un Parlement périmé suggérant qu’il faudrait tout d’abord que le peuple élise de nouveaux députés. D’autre part, certains partis politiques chercheraient à profiter des contestations populaires afin d’y faire régner le chaos pour tenter d’avoir une plus grande main mise sur le pays et imposer leur « diktat ».
De plus, je vous requiers chers compatriotes, de ne pas céder à ce début d’air de soulèvement qui est synonyme, d’une manière ou d’une autre, à la dernière chance de sauver notre nation de cet amas de détritus politiques corrompus et matérialistes.
Dorénavant, il est hors de question que ceux qui sont censés nous représenter attisent des tensions en utilisant l’outil confessionnel comme arme de provocation : c’est le message implicite de ces mouvements contestataires. Le peuple libanais dans son ensemble ne doit pas laisser ces langues venimeuses se propager avec le but d'enterrer tout début d’aspiration révolutionnaire.
En ce qui concerne la crise des déchets, cette crise qu’on pourrait de qualifier comme étant celle de trop, celle de la goutte de trop qui a fait déborder le vase ; ne doit pas se conclure par l’attribution des traitements de déchets à six compagnies, qu’on pourrait illustrer de six « Sukleen », où toutes les étapes de traitement ou de recyclage seront destinées à ces firmes qui nous proposent, d’ores et déjà, des prix d’offre exorbitants. Cela dit, pour éviter cette mascarade, il faudrait que les étapes du traitement soient partagées avec toutes les municipalités du pays, auxquelles elles pourront en tirer des bénéfices et les utiliser pour mettre à jour les infrastructures routières. De plus, l’Etat devrait trouver pour de bon une solution sanitaire et hygiénique par excellence. Les dépotoirs n’étant plus la solution propre pour notre pays puisqu’ils contaminent les terres avoisinantes, les nappes phréatiques et donc toutes les plantations aux alentours. La population libanaise peut également jouer un rôle important qui réduira la masse de travail des municipalités et des sociétés, celui du tri des déchets ménagers à domicile.
Par ailleurs, cette manifestation qui fut à la base une demande de réaction gouvernementale à la crise des déchets, s’est vite tournée en une contestation généralisée dont les demandes sont infinies et liées à la fois au manque d’eau et d’électricité, à la lutte contre la corruption et les infrastructures routières désastreuses…
Mais une volonté résonne encore de plus en plus dans les oreilles des manifestants, celle qui appelle à la chute du régime confessionnel. En effet, ce régime qui date depuis l’indépendance du pays en 1943 est fondé sur la coexistence entre les chrétiens et les musulmans et le partage des postes étatiques, sécuritaires et militaires. Depuis la guerre civile de 1975 qui a ravagé le pays pendant quinze ans; ce système parait déficient, mafieux et religieusement extrémiste. Par conséquent, faudrait-il alors remplacer ce régime sectaire? Un Etat laïque pourrait-il réellement fonctionner vis-à-vis de certaines régions libanaises qui restent très embrigadées et renfermées sur elles-mêmes? Une laïcité institutionnelle limitée, uniquement juridique, politique et militaire, tout en gardant la mosaïque sociale multiconfessionnelle assez forte pour développer une véritable identité libanaise serait-elle une solution alternative?
Faudrait-il adopter la voie du fédéralisme qui divisera encore plus les cazas ainsi que les départements ou au contraire un régime centralisé avec une capitale forte qui sera la base politico-économique de tout le pays.
De même, pour pouvoir s’émanciper du sectarisme, les Libanais devraient savoir que pour avancer et tourner la page, il faudrait que les partis politiques confessionnels disparaissent du paysage libanais et laisser la place à des partis nationaux basés sur la réconciliation en bonne et due forme, le pardon, la reconstruction du pays, l’équité, l’égalité entre les citoyens, le progrès et le relais démocratique à l’athénienne. Bref, tous les arguments que j’ai posé sont bien évidemment discutables puisqu’il s’agit de plusieurs points de vue qui ont été soulevés ces derniers mois.
En conclusion, je me permets d’adresser un seul message nécessaire et fondamental à mes concitoyens : « Saisissez cette opportunité à procéder à une vraie révolution pacifique, civile, patriote, et efficace. Une révolution purement libanaise pour faire chuter cette classe politique corrompue et périmée. Reconstruisez un Etat fort et citoyen avec du sang nouveau, celui des jeunes, celui de l’avenir et surtout, n’ayez pas peur de descendre dans les rues! »
« Un peuple en état de révolution est invincible.» Maximin Isnard (1755-1825)
Cyril Sabty Etudiant en sciences économiques à l’Université Saint Joseph de Beyrouth, Liban
EDC Contributor
Sommes-nous à la veille d’une révolution populaire et purement citoyenne au Liban ?
La révolte populaire qui a débuté par une contestation contre l’incapacité du gouvernement de Tammam Salam à répondre à la crise des ordures et qui se poursuit jusqu’à présent par des slogans scandant la chute du gouvernement, l’organisation anticipée d’élections parlementaires suivies par une élection présidentielle et donc éventuellement la remise en question du notre système institutionnel; commence à se concrétiser.
Si une révolution voit le jour, plusieurs scenarios sont présentés et voulus par les manifestants, qui adhèrent aux mouvements tels que « Vous Puez », « Nous Réclamons Des Comptes » ou « Laissez-Nous Tranquilles ».
De s manifestants soulèvent le drapeau libanais avec la croix chrétienne et le croissant musulman lors d'un rassemblement de masse contre une classe politique dite "corrompue et incapable de fournir les services de base" le 29 Août 2015 Place des Martyrs à Beyrouth / AFP PHOTO
Certains verraient d’un bon œil une transition militaire afin de réécrire une nouvelle constitution qui ne se baserait pas sur les accords de Taif, ouvrant la voie à une nouvelle constitution confessionnelle ou laïque. D’autres contestataires prônent une élection présidentielle sans attendre, suivie d’élections parlementaires aboutissant à une nouvelle formation du gouvernement. Cependant, certains protestataires dénoncent le fait qu’une élection présidentielle rendrait le président de la République illégitime juridiquement et constitutionnellement vu qu’il serait élu par un Parlement périmé suggérant qu’il faudrait tout d’abord que le peuple élise de nouveaux députés. D’autre part, certains partis politiques chercheraient à profiter des contestations populaires afin d’y faire régner le chaos pour tenter d’avoir une plus grande main mise sur le pays et imposer leur « diktat ».
De plus, je vous requiers chers compatriotes, de ne pas céder à ce début d’air de soulèvement qui est synonyme, d’une manière ou d’une autre, à la dernière chance de sauver notre nation de cet amas de détritus politiques corrompus et matérialistes.
Dorénavant, il est hors de question que ceux qui sont censés nous représenter attisent des tensions en utilisant l’outil confessionnel comme arme de provocation : c’est le message implicite de ces mouvements contestataires. Le peuple libanais dans son ensemble ne doit pas laisser ces langues venimeuses se propager avec le but d'enterrer tout début d’aspiration révolutionnaire.
En ce qui concerne la crise des déchets, cette crise qu’on pourrait de qualifier comme étant celle de trop, celle de la goutte de trop qui a fait déborder le vase ; ne doit pas se conclure par l’attribution des traitements de déchets à six compagnies, qu’on pourrait illustrer de six « Sukleen », où toutes les étapes de traitement ou de recyclage seront destinées à ces firmes qui nous proposent, d’ores et déjà, des prix d’offre exorbitants. Cela dit, pour éviter cette mascarade, il faudrait que les étapes du traitement soient partagées avec toutes les municipalités du pays, auxquelles elles pourront en tirer des bénéfices et les utiliser pour mettre à jour les infrastructures routières. De plus, l’Etat devrait trouver pour de bon une solution sanitaire et hygiénique par excellence. Les dépotoirs n’étant plus la solution propre pour notre pays puisqu’ils contaminent les terres avoisinantes, les nappes phréatiques et donc toutes les plantations aux alentours. La population libanaise peut également jouer un rôle important qui réduira la masse de travail des municipalités et des sociétés, celui du tri des déchets ménagers à domicile.
Par ailleurs, cette manifestation qui fut à la base une demande de réaction gouvernementale à la crise des déchets, s’est vite tournée en une contestation généralisée dont les demandes sont infinies et liées à la fois au manque d’eau et d’électricité, à la lutte contre la corruption et les infrastructures routières désastreuses…
Mais une volonté résonne encore de plus en plus dans les oreilles des manifestants, celle qui appelle à la chute du régime confessionnel. En effet, ce régime qui date depuis l’indépendance du pays en 1943 est fondé sur la coexistence entre les chrétiens et les musulmans et le partage des postes étatiques, sécuritaires et militaires. Depuis la guerre civile de 1975 qui a ravagé le pays pendant quinze ans; ce système parait déficient, mafieux et religieusement extrémiste. Par conséquent, faudrait-il alors remplacer ce régime sectaire? Un Etat laïque pourrait-il réellement fonctionner vis-à-vis de certaines régions libanaises qui restent très embrigadées et renfermées sur elles-mêmes? Une laïcité institutionnelle limitée, uniquement juridique, politique et militaire, tout en gardant la mosaïque sociale multiconfessionnelle assez forte pour développer une véritable identité libanaise serait-elle une solution alternative?
Faudrait-il adopter la voie du fédéralisme qui divisera encore plus les cazas ainsi que les départements ou au contraire un régime centralisé avec une capitale forte qui sera la base politico-économique de tout le pays.
De même, pour pouvoir s’émanciper du sectarisme, les Libanais devraient savoir que pour avancer et tourner la page, il faudrait que les partis politiques confessionnels disparaissent du paysage libanais et laisser la place à des partis nationaux basés sur la réconciliation en bonne et due forme, le pardon, la reconstruction du pays, l’équité, l’égalité entre les citoyens, le progrès et le relais démocratique à l’athénienne. Bref, tous les arguments que j’ai posé sont bien évidemment discutables puisqu’il s’agit de plusieurs points de vue qui ont été soulevés ces derniers mois.
En conclusion, je me permets d’adresser un seul message nécessaire et fondamental à mes concitoyens : « Saisissez cette opportunité à procéder à une vraie révolution pacifique, civile, patriote, et efficace. Une révolution purement libanaise pour faire chuter cette classe politique corrompue et périmée. Reconstruisez un Etat fort et citoyen avec du sang nouveau, celui des jeunes, celui de l’avenir et surtout, n’ayez pas peur de descendre dans les rues! »
« Un peuple en état de révolution est invincible.» Maximin Isnard (1755-1825)
Cyril Sabty Etudiant en sciences économiques à l’Université Saint Joseph de Beyrouth, Liban
EDC Contributor