Tout est à refaire ... pour sortir du confessionnalisme - 07/02/2013
En apprenant que les deux blocs politiques libanais sont mixtes religieusement, un non-initié à la politique libanaise pourrait faire l’éloge de la démocratie qu’est la notre.
Mais la réalité des choses est bien éloignée de ce qu’il aurait en tête. Les libanais sont tiraillés entre politique et religion, surtout les chrétiens.
En effet, ...bien que les chiites soient pour la plupart regroupés sous la guidance de Nasrallah, que les sunnites soient majoritairement à l’écoute de Hariri et que Joumblatt soit un leader pour presque l'ensemble des druzes, les chrétiens, qu’ils soient orthodoxes, catholiques, maronites ou autres, sont divisés entre eux. Ils ne disposent pas de leader à la fois religieux et politisé.
Bien qu’il soit vrai que Joumblatt a la capacité et le pouvoir d’affecter les résultats électoraux, ce sont ces chrétiens qui, faute d’être regroupés, assurent la balance relative entre 8 et 14 mars, car les députés chrétiens ont droit en effet à la moitié des places au parlement (64 sur 128) depuis l’accord de Taëf. Ils se dirigent donc chacun vers un bloc ou l’autre, généralement sous l’influence de leurs proches (cependant tout comme dans d’autres pays).
« Qu’est-ce qui ne va pas alors ? » demandera notre ami non initié. « La captivité religieuse du reste de la population », devra-t-on lui répondre. Cette captivité religieuse correspond à ce qui a été énoncé plus tôt : la transformation d’une secte en un regroupement politique. Et pourtant on ne peut que pardonner les libanais qui participent à ce massacre de l’individualisme… par l’individualisme !
En effet, la politique libanaise peut être modélisée par un cercle vicieux fonctionnant grâce à une logique perverse qui serait la suivante dans la réflexion des électeurs : « J’ai intérêt à voter pour tel député afin de renforcer l’influence de mon parti. Mon parti sera alors plus puissant et pourra favoriser ma religion, qui sera plus influente et pourra alors me favoriser ». Ceci montre les dangers auxquels s’exposent ces libanais qui s’inquiètent plus pour la force de leur organisme confessionnel que pour l’intérêt général du pays. S’ils se disent « les actions qu’encourage ce député sont selon moi favorables à la prospérité du Liban », la majorité d’entre eux font preuve de mauvaise foi. Admettons l’inévitabilité de la situation et posons-là face aux projets électoraux.
Réfléchissons à nouveau et demandons-nous avec honnêteté qu’est-ce qui serait le plus fiable pour se rapprocher de l’unité nationale. Il est inutile de désespérer car il existe des solutions transitives face à ce problème.
Ainsi il a été proposé de créer une Assemblée de Députés non-confessionnelle mais aussi un Sénat qui représentera les sectes au niveau politique. Cette dissociation du politique et du religieux grâce à un parlement bicaméral serait une première étape pour avancer vers une République stable qui d'une part serait laïque à travers la chambre basse afin de permettre une amélioration du pays dans son ensemble géographique et démographique, et d'une autre part s'assurerait de la stabilité entre les confessions à travers la chambre haute qui fonctionnerait selon le principe de la loi orthodoxe.
Le progrès pourrait avec un encadrement adéquat se mettre en route, et les problèmes (tels que ceux du mariage civil) pourront être résolus avec moins de pression religieuse et plus d'objectivité morale.
N'espérons pas silencieusement que la morale fasse part de la politique libanaise, agissons pour qu'elle le devienne!
C.G