Le don d’organes au Liban, développement et marché noir
C’est l’histoire de réfugiés syriens désespérés, d’une population pas assez impliquée et de médecins corrompus. Le don d’organes au Liban est un sujet peu étudié car son développement vient de se mettre en place.
Le Comité national libanais pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOOTDT - National Organization for Organ and Tissues Donation and Transplantation), directement affilié au ministère de la santé publique, estime qu’environ un millier de personnes ont subi une greffe d’organes au Liban. Cependant, l’offre d’organes ne satisfait que très peu la demande. En effet, il n’y avait aucun donneur d’organe au Liban en 2009, contre onze donneurs d’organes en 2012 (et trente-quatre donneurs de cornées). Au Liban, les médecins cherchent surtout à promouvoir le don après la mort, tout en sachant que le donneur doit être en état de mort cérébrale (condition nécessaire au don après la mort car les organes doivent rester fonctionnels au moment du prélèvement). D’où le problème de l’offre, ce type de décès étant très rare, d’autant plus que la loi libanaise dispose que le don d’organe doit être gratuit et sans conditions particulières.
La situation instable du Liban et le problème d’offre dû à la nouveauté du don et à la rareté des conditions pour pouvoir donner ont ainsi engendré un trafic d’organes dont les détails sont peu connus au Liban. Ce sujet a refait surface en novembre 2013 dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel par le biais d’un article écrit par Ulrike Putz. Il rapporte ainsi que les réfugiés syriens font des dons d’organes illégaux pour assurer leur survie, se basant sur le témoignage d’un réfugié syrien qui aurait vendu un rein à 7 000 dollars. Il informe de même que les trafiquants concernés auraient vendu 150 reins en 12 mois pour un prix pouvant atteindre 15 000 dollars par rein. Le donneur, Raïd, 19 ans, aurait été complètement négligé suite à son don dans une clinique clandestine et les médecins lui auraient même dit avant l’opération que son rein avait une chance de repousser.
Le témoignage en soi et le fait que le trafic d’organes prospère grâce aux réfugiés syriens (et parfois les réfugiés palestiniens) n’est que très peu surprenant dans un cadre d’informations vagues et d’application difficile de la loi. Cependant, à la fin du mois de novembre, l’article se voit réfuté par la communauté médicale libanaise et la NOOTDT, contestant avant tout la légitimité du témoignage de Raïd et des chiffres donnés. Quoi qu’il en soit, le trafic d’organes reste une réalité au Liban dont l’amplitude est encore incertaine. Jusqu’où va la corruption ? Qui gère ce commerce malsain ? Le don d’organes légal connaîtra-t-il un essor ? Les réponses à ces questions sont essentielles pour déterminer le développement futur du pays, mais la situation actuelle est loin de permettre de les obtenir.
C.G
C’est l’histoire de réfugiés syriens désespérés, d’une population pas assez impliquée et de médecins corrompus. Le don d’organes au Liban est un sujet peu étudié car son développement vient de se mettre en place.
Le Comité national libanais pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOOTDT - National Organization for Organ and Tissues Donation and Transplantation), directement affilié au ministère de la santé publique, estime qu’environ un millier de personnes ont subi une greffe d’organes au Liban. Cependant, l’offre d’organes ne satisfait que très peu la demande. En effet, il n’y avait aucun donneur d’organe au Liban en 2009, contre onze donneurs d’organes en 2012 (et trente-quatre donneurs de cornées). Au Liban, les médecins cherchent surtout à promouvoir le don après la mort, tout en sachant que le donneur doit être en état de mort cérébrale (condition nécessaire au don après la mort car les organes doivent rester fonctionnels au moment du prélèvement). D’où le problème de l’offre, ce type de décès étant très rare, d’autant plus que la loi libanaise dispose que le don d’organe doit être gratuit et sans conditions particulières.
La situation instable du Liban et le problème d’offre dû à la nouveauté du don et à la rareté des conditions pour pouvoir donner ont ainsi engendré un trafic d’organes dont les détails sont peu connus au Liban. Ce sujet a refait surface en novembre 2013 dans l’hebdomadaire allemand Der Spiegel par le biais d’un article écrit par Ulrike Putz. Il rapporte ainsi que les réfugiés syriens font des dons d’organes illégaux pour assurer leur survie, se basant sur le témoignage d’un réfugié syrien qui aurait vendu un rein à 7 000 dollars. Il informe de même que les trafiquants concernés auraient vendu 150 reins en 12 mois pour un prix pouvant atteindre 15 000 dollars par rein. Le donneur, Raïd, 19 ans, aurait été complètement négligé suite à son don dans une clinique clandestine et les médecins lui auraient même dit avant l’opération que son rein avait une chance de repousser.
Le témoignage en soi et le fait que le trafic d’organes prospère grâce aux réfugiés syriens (et parfois les réfugiés palestiniens) n’est que très peu surprenant dans un cadre d’informations vagues et d’application difficile de la loi. Cependant, à la fin du mois de novembre, l’article se voit réfuté par la communauté médicale libanaise et la NOOTDT, contestant avant tout la légitimité du témoignage de Raïd et des chiffres donnés. Quoi qu’il en soit, le trafic d’organes reste une réalité au Liban dont l’amplitude est encore incertaine. Jusqu’où va la corruption ? Qui gère ce commerce malsain ? Le don d’organes légal connaîtra-t-il un essor ? Les réponses à ces questions sont essentielles pour déterminer le développement futur du pays, mais la situation actuelle est loin de permettre de les obtenir.
C.G