Question politique : le Liban aurait-il besoin d’un « printemps féminin » ?
On le considère comme l'un des pays les plus libéraux et démocratiques du Moyen-Orient, mais le Liban à encore un long chemin devant lui pour devenir démocratique à tous les niveaux.
Le retard socio-politique remarquable qui s’illustre par le manque de femmes actives dans la vie politique libanaise nous amène à nous interroger sur le progressisme et le démocratisme du pays des cèdres.
Alors que les femmes libanaises jouissent aujourd'hui de postes de direction dans le secteur privé, on peut dire que côté nominations politiques, on n’y est pas encore …
Les femmes libanaises ont obtenu le suffrage en 1953, mais à ce jour elles sont confrontées à des obstacles considérables pour entrer en politique dans un pays où règnent encore les dynasties féodales et la primauté patriarcale.
La plupart des femmes libanaises qui entrent en politique le font "vêtues de noir", c'est-à dire, pour combler un poste mis à disposition par un parent (mâle) condamné ou décédé, et pour lequel il n'existe (par destin ou par peur) aucun successeur mâle capable ou disposé à prendre la relève. Quelques exemples sont Myrna Boustani, qui devint la première femme libanaise à siéger au parlement après la mort de son père, Solange Gemayel, qui pour un temps a siégé au parlement (qui a, par la suite cédé sa place à son fils Nadim Béshir Gemayel), Nayla Mouawad, ancienne première dame du Liban, qui a rejoint l’Assemblée après être devenue veuve, Sethrida Geagea qui prend la tête du parti des Forces Libanaises après l’incarcération de son époux le Dr Samir Geagea en 1994 et Nayla Tueini qui hérite du siège de son père Gebran (et de son grand-père Ghassan) Tueini suite à l’assassinant de ce dernier en 2005.
Malheureusement, la question de la participation politique des femmes a été abordée très superficiellement par les élections en 2009. Sur 587 candidats, 12 seulement - soit à peine 2%- étaient des femmes.
Pire encore, seulement quatre d'entre elles (sur 128 parlementaires), - Nayla Tueni, Bahia Hariri, Sethrida Geagea et Gilberte Zouein - ont été élues ; chacune d’entre elles appartenant bien évidemment à des dynasties politiques.
L'instabilité au Liban a par le passé contribué à étouffer les voix appelant à l'égalité des sexes. Depuis quelques années ces voix sont devenues de plus en plus persistantes - et plus particulièrement dans une campagne visant à imposer un quota pour femmes sur les listes électorales.
Le parlement a également subi des pressions pour modifier les lois familiales et lutter contre la violence sexiste.
Au cours de la période qui a précédé les élections de 2009, un débat national sur le rôle des femmes dans la vie politique à surgit. Un débat qui n’était finalement qu’une guerre de slogans. Le Mouvement Patriotique s’est inspiré du slogan français "Sois belle et tais-toi" et a placardé les murs d’affiches incitant les femmes à voter : "Sois belle et vote".
La coalition du 14 Mars a répondu avec "Sois égale et vote"
Les parties voulaient l'électorat féminin, mais aucun d'entre eux n’a avancé un programme sérieux qui vise à promouvoir les droits des femmes.
Les femmes seront en mesure de jouer un plus grand rôle dans la gouvernance du Liban si le système politique du pays remplace le système sectaire par une méritocratie laïque.
En 2005, une commission nationale chargée de rédiger une nouvelle loi électorale a proposé que 30% des sièges au parlement soient réservés aux femmes. Aussitôt fut-elle proposée, qu’elle fût rejetée.
En fait, si les partis sont vraiment sérieux dans leurs appels d'égalité, ils pourront imposer des quotas volontaires internes afin de s'assurer de l’existence d’un nombre minimum de femmes candidates aux élections intra-party et nationales.
Le Liban a promis d’œuvrer contre la discrimination entre les sexes lorsqu’il a adopté en 1990 la Charte internationale des Droits de l'homme. Il est grand temps qu’il s’y mette, parce qu’à ce rythme, le pays ne pourra se dire démocrate. Il doit à tout prix œuvrer pour la parité hommes-femmes.
Enfin, dans un pays qui accepte que les femmes versent leur sang pour leur patrie, il est tout juste que ce pays-là leur facilite l’accès au Parlement et leur accorde le droit de légiférer.
E.C
Le retard socio-politique remarquable qui s’illustre par le manque de femmes actives dans la vie politique libanaise nous amène à nous interroger sur le progressisme et le démocratisme du pays des cèdres.
Alors que les femmes libanaises jouissent aujourd'hui de postes de direction dans le secteur privé, on peut dire que côté nominations politiques, on n’y est pas encore …
Les femmes libanaises ont obtenu le suffrage en 1953, mais à ce jour elles sont confrontées à des obstacles considérables pour entrer en politique dans un pays où règnent encore les dynasties féodales et la primauté patriarcale.
La plupart des femmes libanaises qui entrent en politique le font "vêtues de noir", c'est-à dire, pour combler un poste mis à disposition par un parent (mâle) condamné ou décédé, et pour lequel il n'existe (par destin ou par peur) aucun successeur mâle capable ou disposé à prendre la relève. Quelques exemples sont Myrna Boustani, qui devint la première femme libanaise à siéger au parlement après la mort de son père, Solange Gemayel, qui pour un temps a siégé au parlement (qui a, par la suite cédé sa place à son fils Nadim Béshir Gemayel), Nayla Mouawad, ancienne première dame du Liban, qui a rejoint l’Assemblée après être devenue veuve, Sethrida Geagea qui prend la tête du parti des Forces Libanaises après l’incarcération de son époux le Dr Samir Geagea en 1994 et Nayla Tueini qui hérite du siège de son père Gebran (et de son grand-père Ghassan) Tueini suite à l’assassinant de ce dernier en 2005.
Malheureusement, la question de la participation politique des femmes a été abordée très superficiellement par les élections en 2009. Sur 587 candidats, 12 seulement - soit à peine 2%- étaient des femmes.
Pire encore, seulement quatre d'entre elles (sur 128 parlementaires), - Nayla Tueni, Bahia Hariri, Sethrida Geagea et Gilberte Zouein - ont été élues ; chacune d’entre elles appartenant bien évidemment à des dynasties politiques.
L'instabilité au Liban a par le passé contribué à étouffer les voix appelant à l'égalité des sexes. Depuis quelques années ces voix sont devenues de plus en plus persistantes - et plus particulièrement dans une campagne visant à imposer un quota pour femmes sur les listes électorales.
Le parlement a également subi des pressions pour modifier les lois familiales et lutter contre la violence sexiste.
Au cours de la période qui a précédé les élections de 2009, un débat national sur le rôle des femmes dans la vie politique à surgit. Un débat qui n’était finalement qu’une guerre de slogans. Le Mouvement Patriotique s’est inspiré du slogan français "Sois belle et tais-toi" et a placardé les murs d’affiches incitant les femmes à voter : "Sois belle et vote".
La coalition du 14 Mars a répondu avec "Sois égale et vote"
Les parties voulaient l'électorat féminin, mais aucun d'entre eux n’a avancé un programme sérieux qui vise à promouvoir les droits des femmes.
Les femmes seront en mesure de jouer un plus grand rôle dans la gouvernance du Liban si le système politique du pays remplace le système sectaire par une méritocratie laïque.
En 2005, une commission nationale chargée de rédiger une nouvelle loi électorale a proposé que 30% des sièges au parlement soient réservés aux femmes. Aussitôt fut-elle proposée, qu’elle fût rejetée.
En fait, si les partis sont vraiment sérieux dans leurs appels d'égalité, ils pourront imposer des quotas volontaires internes afin de s'assurer de l’existence d’un nombre minimum de femmes candidates aux élections intra-party et nationales.
Le Liban a promis d’œuvrer contre la discrimination entre les sexes lorsqu’il a adopté en 1990 la Charte internationale des Droits de l'homme. Il est grand temps qu’il s’y mette, parce qu’à ce rythme, le pays ne pourra se dire démocrate. Il doit à tout prix œuvrer pour la parité hommes-femmes.
Enfin, dans un pays qui accepte que les femmes versent leur sang pour leur patrie, il est tout juste que ce pays-là leur facilite l’accès au Parlement et leur accorde le droit de légiférer.
E.C