Quand le trafic d'armes nous mène à notre fin
Prenez un pays qui sort de guerre civile. Rajoutez-y quelques milices, un voisin en opposition idéologique avec ces milices et un autre pays voisin en guerre civile avec une quantité grotesque de belligérants. La situation qui en résulte? Partez faire un tour au Liban, lisez les journaux et vous le saurez très bien.
La machine à drames qu’est notre conflit régional s’alimente de nombreux éléments, immatériels tels que l’avarice et l’ignorance, mais aussi d’élément matériels, notamment et de manière flagrante : les armes.
D’où viennent ces armes que l’on retrouve dans les armoires des maisons, aux mains des combattants à Tripoli et dans les boîtes à gants des pseudo justiciers des rues de Beyrouth?
D’un point de vue légal, il n’existe pas de loi autorisant la possession et le port d’armes, qui n’est autorisé que par un permis délivré par les autorités, grâce à l’argent et aux pistons. Tout ce domaine reste très flou et nous autorise à revendiquer une révision des lois concernant les armes (pour le peu qu’elles existent).
Le commerce au noir d’armes au Liban est soumis aux lois les plus basiques de l’offre et de la demande. Un reportage effectué par Vice localise au Liban des armes syriennes et iraniennes vendues aux combattants sunnites de Tripoli par les partisans du régime de Bachar Al Assad et par le Hezbollah, soit les ennemis mêmes de ces sunnites (cherchez l’erreur). Les raisons sont multiples mais chaotiques. Créer une demande d’armes, que ce soit pour le combat ou pour la protection augmente considérablement le prix des armes et des munitions. Les "politiciens” seraient derrière le financement de ces armes auprès des combattants, et les autres civils seraient prêts à tout vendre pour avoir de quoi se protéger. Qui donc vend des armes a tout à gagner (financièrement du moins). Il suffit d’en envoyer dans la zone de Tripoli, ce qui accroît l’intensité du conflit et donc permet de vendre ces armes à un prix encore plus élevé.
D’autres trafiquants reclus dans la banlieue de la capitale vendent des armes américaines et israéliennes (qui auraient été abandonnées par l’armée israélienne suite à la guerre de 2006), des armes autrichiennes initialement prévues pour les rebelles syriens (et fournies par leurs alliés saoudiens) et évidemment des armes russes, l’AK-47 étant omniprésente au Liban.
Comment peut-on demander le désarmement d’un parti lorsque ses ennemis restent armés? Comment peut-on persuader les civils de ne plus détenir d’armes lorsque le danger se trouve à leur porte? En ce moment, c’est la loi du chaos qui semble gérer l’équilibre, et avec de nouveaux acteurs tels que l’EIIL commençant leur apparition dans notre pays, la viabilité de cet équilibre devient de plus en plus douteuse. Le Liban ne peut pas contrôler ce qui se passe en Syrie et en Iraq, mais c’est à lui de prendre conscience de la situation régionale et de réaliser que de nouveaux acteurs entrent en jeu. Une nouvelle gestion de la dynamique des flux d’armes, des lois et de leur mise en vigueur est essentielle aujourd’hui. Sinon, ce seront des acteurs malveillants pour notre État qui seront les premiers à profiter du système actuel, celui qui privilégie le plus riche et le plus offrant.
La quantité grotesque de fonds que possède l’EIIL est indéniable. Le pouvoir vient avec la force, la force vient avec les armes et les armes viennent avec l’argent. Les politiciens corrompus doivent comprendre qu’ils ne seront bientôt plus les seuls à avoir de l’argent, et leur pouvoir risque de leur échapper plus vite qu’ils ne s’en rendent compte.
Prenez garde.
C.G
Prenez un pays qui sort de guerre civile. Rajoutez-y quelques milices, un voisin en opposition idéologique avec ces milices et un autre pays voisin en guerre civile avec une quantité grotesque de belligérants. La situation qui en résulte? Partez faire un tour au Liban, lisez les journaux et vous le saurez très bien.
La machine à drames qu’est notre conflit régional s’alimente de nombreux éléments, immatériels tels que l’avarice et l’ignorance, mais aussi d’élément matériels, notamment et de manière flagrante : les armes.
D’où viennent ces armes que l’on retrouve dans les armoires des maisons, aux mains des combattants à Tripoli et dans les boîtes à gants des pseudo justiciers des rues de Beyrouth?
D’un point de vue légal, il n’existe pas de loi autorisant la possession et le port d’armes, qui n’est autorisé que par un permis délivré par les autorités, grâce à l’argent et aux pistons. Tout ce domaine reste très flou et nous autorise à revendiquer une révision des lois concernant les armes (pour le peu qu’elles existent).
Le commerce au noir d’armes au Liban est soumis aux lois les plus basiques de l’offre et de la demande. Un reportage effectué par Vice localise au Liban des armes syriennes et iraniennes vendues aux combattants sunnites de Tripoli par les partisans du régime de Bachar Al Assad et par le Hezbollah, soit les ennemis mêmes de ces sunnites (cherchez l’erreur). Les raisons sont multiples mais chaotiques. Créer une demande d’armes, que ce soit pour le combat ou pour la protection augmente considérablement le prix des armes et des munitions. Les "politiciens” seraient derrière le financement de ces armes auprès des combattants, et les autres civils seraient prêts à tout vendre pour avoir de quoi se protéger. Qui donc vend des armes a tout à gagner (financièrement du moins). Il suffit d’en envoyer dans la zone de Tripoli, ce qui accroît l’intensité du conflit et donc permet de vendre ces armes à un prix encore plus élevé.
D’autres trafiquants reclus dans la banlieue de la capitale vendent des armes américaines et israéliennes (qui auraient été abandonnées par l’armée israélienne suite à la guerre de 2006), des armes autrichiennes initialement prévues pour les rebelles syriens (et fournies par leurs alliés saoudiens) et évidemment des armes russes, l’AK-47 étant omniprésente au Liban.
Comment peut-on demander le désarmement d’un parti lorsque ses ennemis restent armés? Comment peut-on persuader les civils de ne plus détenir d’armes lorsque le danger se trouve à leur porte? En ce moment, c’est la loi du chaos qui semble gérer l’équilibre, et avec de nouveaux acteurs tels que l’EIIL commençant leur apparition dans notre pays, la viabilité de cet équilibre devient de plus en plus douteuse. Le Liban ne peut pas contrôler ce qui se passe en Syrie et en Iraq, mais c’est à lui de prendre conscience de la situation régionale et de réaliser que de nouveaux acteurs entrent en jeu. Une nouvelle gestion de la dynamique des flux d’armes, des lois et de leur mise en vigueur est essentielle aujourd’hui. Sinon, ce seront des acteurs malveillants pour notre État qui seront les premiers à profiter du système actuel, celui qui privilégie le plus riche et le plus offrant.
La quantité grotesque de fonds que possède l’EIIL est indéniable. Le pouvoir vient avec la force, la force vient avec les armes et les armes viennent avec l’argent. Les politiciens corrompus doivent comprendre qu’ils ne seront bientôt plus les seuls à avoir de l’argent, et leur pouvoir risque de leur échapper plus vite qu’ils ne s’en rendent compte.
Prenez garde.
C.G