Grande pauvreté au Liban … à quand l’éveil national? - 04/01/2013
On a souvent tendance à dire que les zones rurales, qui abritent environ 13% de la population du pays (4,1 millions d'habitants); sont les zones les plus pauvres du Liban ; ce qui est tout à fait exact. Basé sur une étude réalisée par le Programme des Nations Unies pour le développement (pauvreté, croissance et inégalités au Liban), environ 28,5 % de la population libanaise, y compris les populations rurales, vit en dessous du seuil de pauvreté (inferieur à 4 $ par jour,) et 8% qui vit bien en dessous du seuil minimum de pauvreté (inférieur à 2 $ par jour).
La pauvreté est très répandue dans les mohafazats rurales de Akkar au Nord, au Sud-Liban et à Baalbek-Hermel.
Les populations rurales du Liban vivent dans la pauvreté en raison des problèmes majeurs auxquels sont confrontés la production agricole (la petite taille des exploitations agricoles, le manque de politiques agricoles, les coûts de production élevés et le manque de crédit agricole spécialisé).
A cela s’ajoute le coût élevé de la structure agricole libanaise due à la nature montagneuse du terrain, à un marché intérieur limité, aux petites exploitations morcelées qui excluent les économies d'échelle, les pratiques d'irrigation inefficaces, et l'utilisation intensive d'engrais et de pesticides.
Les populations rurales ont un accès limité au crédit et aux services bancaires et financiers dont ils ont besoin pour s'engager dans des activités génératrices de revenus. Les pêcheurs n'ont pas le capital à investir dans des bateaux performants, filets et autres outils. Les agriculteurs vivent dans des communautés isolées non desservies par des réseaux d'irrigation efficaces et modernes, et souffrent du manque d'irrigation et d'eau potable.
Toutefois, on oublie souvent que même certaines régions urbaines du pays, soi-disant les plus développées, subissent le même sort que les régions rurales, voire un sort encore pire. Une nouvelle étude en coopération avec l'Institut arabe pour le développement des villes a voulu mettre en lumière, alors que le Nord du Liban est en pleine guerre avec lui-même, la profondeur de la marginalisation sociale, de la pauvreté, et du chômage vécus à Tripoli ; deuxième plus grande ville du pays, prénommée « la deuxième capitale du Liban».
Plus de 50% des habitants de Tripoli vivent dans l'extrême pauvreté, avec un salaire de moins de 4 $ par jour.
L'analphabétisme est une des causes de la paupérisation de la ville. 11% des habitants de Tripoli sont analphabètes. Seulement un quart des habitants de la ville ont un diplôme universitaire. 65% des enfants scolarisés fréquentent des écoles publiques, et seulement 35% ont accès aux écoles privées.
Le nombre d'élèves fréquentant les écoles publiques est beaucoup plus élevé dans les quartiers pauvres de la ville, et la moitié d’entre eux interrompent leurs études plutôt pour chercher du travail.
73% des familles de Tripoli n'ont pas d'assurance médicale, à comparer à la moyenne générale qui est de 52% de la population.
En ce qui concerne l'eau potable, 70% des habitants s’alimentent auprès des sources d'approvisionnement public en eau. Il va de soi, qu’ils ne peuvent pas se permettre d'acheter de l'eau embouteillée. Cette statistique met en évidence la nécessité de suivre de près la qualité de l'approvisionnement public en eau.
En matière de chauffage, 20 % des gens n'ont pas de système de chauffage central dans leurs maisons, avec les proportions les plus élevées dans les quartiers pauvres.
D'autres résultats de l'étude montrent que seulement 43% des résidents ont un téléphone par ligne terrestre.
Pendant ce temps, 30 % des familles gagnent moins de 750,000 LL par mois ($500). L'étude conclut que le niveau de pauvreté est le plus élevé dans les quartiers de Bab al-Tabbaneh et de la vieille ville.
Ce qui étonne, c’est que le gouvernement actuel compte cinq membres de cette ville du nord, dont le Premier ministre Najib Mikati. Ce qui explique pourquoi en grande majorité, les habitants de Tripoli sont sceptiques quant à leurs représentants.
Certains mettent la faute sur la mafia qui verrouille l’activité économique, d’autres disent que le gouvernement néglige cette ville, voisine à la Syrie …
Ce qui est sûr et certain, c’est que 60% des habitants de Tripoli n’arrivent pas à vivre dignement et personne ne semble se préoccuper de leur sort.
De nombreux experts soutiennent l’idée que Tripoli aurait peut-être besoin d'un cabinet spécial pour gérer ses affaires en raison du niveau de pauvreté de la ville.
D'autres idées farfelues circulent encore. D’aucuns vont même jusqu’à proposer de confier Tripoli au gouvernorat de Homs, en Syrie étant donné que l’Etat libanais n’arrive pas à étendre sa souverain dans cette région.
Pendant ce temps, et pour apaiser les esprits, le gouvernement a déclaré à plusieurs reprises que 100 millions de dollars ont été alloués à des projets de développement à Tripoli.
À quand donc un vrai projet de développement (social, économique, urbain, financier, etc.) pour le Liban-Nord et pour chaque coin du Liban, qui à défaut de projets privés ponctuels, est voué à la déconfiture lente, à se demander même, si elle n’est pas programmée !
E.C