Le Liban, un pays toujours en quête d’une identité linguistique - 22/06/2013
Le Liban est un pays tout à fait hors du commun. Son identité linguistique fut marquée jusque dans ses entrailles par les diverses invasions étrangères qui se sont succédées depuis l’Antiquité en passant par le Moyen-Age, la domination Ottomane pendant plus de 400 ans (1516-1918) et enfin le mandat français. Sans oublier les évènements dévastateurs qui le piègent depuis 1975, qui ont eux aussi contribué à forger son destin culturel et identitaire.
Tous les peuples qui ont fait escale au Liban ont laissé chacun à son tour une empreinte architecturale, culturelle, littéraire et même linguistique qui ont forgé au cours des années ce qu’est devenue aujourd’hui la culture Libanaise.
Ces nombreuses influences, si diversifiées soient-elles, caractérisent la richesse identitaire du Liban ; qui puise ses sources dans 18 communautés religieuses ayant chacune son histoire propre et un passé tumultueux, et qui ont décidé d’en faire leur lieu de prédilection.
Malgré tous les aspects négatifs qui accompagnent une domination étrangère, il n’en demeure pas moins, que le Liban a beaucoup appris de ses colonisateurs et s’en est enrichi au passage.
Le dernier en date, étant l’acquisition de la langue française.
Même si l'arabe demeure la langue officielle et maternelle du pays, le français conserve quant à lui, une place privilégiée dans le cœur et dans l’esprit des libanais.
Langue imposée lors la colonisation, le français devient rapidement la langue de la culture, puis celle des affaires et même de la politique.
Considéré à ses débuts comme de le nec le plus ultra du snobisme, le français n’était pratiqué que par les élites dirigeantes de la capitale et par quelques grandes familles de la montagne. Mais très rapidement, mû par la vague culturelle française qui ébranla l’ensemble du système socio-éducatif du pays, le français devint la seconde langue quasi officielle pour la plupart des libanais. Aujourd’hui, la plupart de notre population est francophone, à commencer par le Gouverneur général de la Banque centrale et en passant par le chauffeur de taxi jusqu’au petit marchand de maïs grillé.
La langue française fut introduite au Liban bien avant 1920.
En effet, dès le XIXème siècle débute une nouvelle ère culturelle pour le Liban. Ce petit pays montagnard encore sous domination Ottomane va connaître une élancée littéraire et artistique sans précèdent. Le pays sera plongé dans une volonté de s’exprimer librement sans contrainte et sans censure. Une volonté qui jusqu’aujourd’hui continue à faire la spécificité du Liban dans le monde Arabe.
Des écrivains libanais, à l'exemple du poète Michel Misk, prirent l’initiative de commencer à écrire en français. Écrire en français, était devenue une forme radicale de protestation contre le pouvoir Ottoman. Choisir le français plutôt que l’arabe, équivalait à une rébellion. Ainsi s’exprimer dans la langue de son choix permettait de se démarquer de l'oppression ottomane et de se vouer à la création d'une identité libanaise que certains tentaient de mettre à mal.
C’est le début de ce que l’on appelle aujourd’hui, la liberté d’expression…
Toutefois, la domination étrangère à répétition, a fortement réduit la possibilité pour le Liban de créer une identité nationale qui lui soit propre, dans une région pour le moins entièrement arabisée. Malgré toute la richesse culturelle et historique que la langue française ait pu apporter au Liban, celle ci a aussi malgré elle, contribué a une perte malheureuse de l’identité du pays et à la décadence de la langue arabe chez les libanais. De plus en plus de jeunes, nés et éduqués au Moyen Orient, trouvent de la difficulté à construire des phrases correctes en arabe classique et à utiliser l’arabe dans la vie courante de tous les jours. Dans certains établissements scolaires, et jusqu’à tout récemment, il était strictement interdit de causer l’arabe dans les cours de récréation sous peine de sanctions strictes.
Ceci a poussé beaucoup de gens à considérer l’arabe comme une langue archaïque et démodée. Il est temps de relier la langue arabe à l'art et à la culture moderne ... pour mettre fin à la perception que la langue officielle du pays n'est pas compatible avec la mondialisation, courant ravageur et irréversible.
Le libanais doit toujours continuer à embrasser plusieurs langues, c’est ce qui fait sa richesse intellectuelle, mais sans laisser tomber sa langue d’origine.
On espère voir apparaitre au cours des années avenir la production de romans, de théâtres et d’autres œuvres artistiques et littéraires en arabe classique.
L’idée n’est certainement pas de se battre contre les langues étrangères, mais plutôt de promouvoir l’utilisation de la langue arabe dans un pays en quête d’une identité nationale. Après tout, nul ne peut dire que l’arabe est une langue morte, en voie de disparition. Elle fait guise de langue maternelle pour plus de 500 millions d’individus au Moyen et Proche Orient.
Il suffit juste de la valoriser d’avantage et de l’introduire sur la scène internationale. Cela se passera par l’intermédiaire de gens éduqués, bilingues voir trilingues, tels que les libanais.
Même concernant l’emploi de l'arabe, il y a une grande différence entre la forme écrite classique de la langue et le dialecte libanais familier parlé par une grande majorité de personnes.
La langue classique n'est presque jamais utilisée dans les conversations – mais seulement entendue aux nouvelles, dans les discours officiels, dans les journaux, et dans certains programmes télévisés.
En conséquence, de nombreux jeunes libanais rencontrent des difficultés à lire et écrire en arabe, et il n'est pas étonnant pour des étudiants de 16 ou 17 ans de ne pas maîtriser la langue arabe comme ils le devraient, au même titre que le français ou l’anglais.
Refaire vivre et protéger la langue arabe au Liban, c’est protéger l'identité et le patrimoine du pays. Pendant longtemps une fraction des libanais a refusé de se considérer comme arabe; aujourd’hui le destin leur joue des tours. N’en déplaise à certains, le Liban est un pays de culture arabe, membre fondateur de la Ligue Arabe, et dont la langue officielle est l’arabe. Afin de construire une véritable identité il faut que tout le peuple libanais soit sur la même longueur d’onde.
Il est impératif de changer la façon dont nous communiquons entre nous. Il y va de l’avenir de notre nation…
E.C
Tous les peuples qui ont fait escale au Liban ont laissé chacun à son tour une empreinte architecturale, culturelle, littéraire et même linguistique qui ont forgé au cours des années ce qu’est devenue aujourd’hui la culture Libanaise.
Ces nombreuses influences, si diversifiées soient-elles, caractérisent la richesse identitaire du Liban ; qui puise ses sources dans 18 communautés religieuses ayant chacune son histoire propre et un passé tumultueux, et qui ont décidé d’en faire leur lieu de prédilection.
Malgré tous les aspects négatifs qui accompagnent une domination étrangère, il n’en demeure pas moins, que le Liban a beaucoup appris de ses colonisateurs et s’en est enrichi au passage.
Le dernier en date, étant l’acquisition de la langue française.
Même si l'arabe demeure la langue officielle et maternelle du pays, le français conserve quant à lui, une place privilégiée dans le cœur et dans l’esprit des libanais.
Langue imposée lors la colonisation, le français devient rapidement la langue de la culture, puis celle des affaires et même de la politique.
Considéré à ses débuts comme de le nec le plus ultra du snobisme, le français n’était pratiqué que par les élites dirigeantes de la capitale et par quelques grandes familles de la montagne. Mais très rapidement, mû par la vague culturelle française qui ébranla l’ensemble du système socio-éducatif du pays, le français devint la seconde langue quasi officielle pour la plupart des libanais. Aujourd’hui, la plupart de notre population est francophone, à commencer par le Gouverneur général de la Banque centrale et en passant par le chauffeur de taxi jusqu’au petit marchand de maïs grillé.
La langue française fut introduite au Liban bien avant 1920.
En effet, dès le XIXème siècle débute une nouvelle ère culturelle pour le Liban. Ce petit pays montagnard encore sous domination Ottomane va connaître une élancée littéraire et artistique sans précèdent. Le pays sera plongé dans une volonté de s’exprimer librement sans contrainte et sans censure. Une volonté qui jusqu’aujourd’hui continue à faire la spécificité du Liban dans le monde Arabe.
Des écrivains libanais, à l'exemple du poète Michel Misk, prirent l’initiative de commencer à écrire en français. Écrire en français, était devenue une forme radicale de protestation contre le pouvoir Ottoman. Choisir le français plutôt que l’arabe, équivalait à une rébellion. Ainsi s’exprimer dans la langue de son choix permettait de se démarquer de l'oppression ottomane et de se vouer à la création d'une identité libanaise que certains tentaient de mettre à mal.
C’est le début de ce que l’on appelle aujourd’hui, la liberté d’expression…
Toutefois, la domination étrangère à répétition, a fortement réduit la possibilité pour le Liban de créer une identité nationale qui lui soit propre, dans une région pour le moins entièrement arabisée. Malgré toute la richesse culturelle et historique que la langue française ait pu apporter au Liban, celle ci a aussi malgré elle, contribué a une perte malheureuse de l’identité du pays et à la décadence de la langue arabe chez les libanais. De plus en plus de jeunes, nés et éduqués au Moyen Orient, trouvent de la difficulté à construire des phrases correctes en arabe classique et à utiliser l’arabe dans la vie courante de tous les jours. Dans certains établissements scolaires, et jusqu’à tout récemment, il était strictement interdit de causer l’arabe dans les cours de récréation sous peine de sanctions strictes.
Ceci a poussé beaucoup de gens à considérer l’arabe comme une langue archaïque et démodée. Il est temps de relier la langue arabe à l'art et à la culture moderne ... pour mettre fin à la perception que la langue officielle du pays n'est pas compatible avec la mondialisation, courant ravageur et irréversible.
Le libanais doit toujours continuer à embrasser plusieurs langues, c’est ce qui fait sa richesse intellectuelle, mais sans laisser tomber sa langue d’origine.
On espère voir apparaitre au cours des années avenir la production de romans, de théâtres et d’autres œuvres artistiques et littéraires en arabe classique.
L’idée n’est certainement pas de se battre contre les langues étrangères, mais plutôt de promouvoir l’utilisation de la langue arabe dans un pays en quête d’une identité nationale. Après tout, nul ne peut dire que l’arabe est une langue morte, en voie de disparition. Elle fait guise de langue maternelle pour plus de 500 millions d’individus au Moyen et Proche Orient.
Il suffit juste de la valoriser d’avantage et de l’introduire sur la scène internationale. Cela se passera par l’intermédiaire de gens éduqués, bilingues voir trilingues, tels que les libanais.
Même concernant l’emploi de l'arabe, il y a une grande différence entre la forme écrite classique de la langue et le dialecte libanais familier parlé par une grande majorité de personnes.
La langue classique n'est presque jamais utilisée dans les conversations – mais seulement entendue aux nouvelles, dans les discours officiels, dans les journaux, et dans certains programmes télévisés.
En conséquence, de nombreux jeunes libanais rencontrent des difficultés à lire et écrire en arabe, et il n'est pas étonnant pour des étudiants de 16 ou 17 ans de ne pas maîtriser la langue arabe comme ils le devraient, au même titre que le français ou l’anglais.
Refaire vivre et protéger la langue arabe au Liban, c’est protéger l'identité et le patrimoine du pays. Pendant longtemps une fraction des libanais a refusé de se considérer comme arabe; aujourd’hui le destin leur joue des tours. N’en déplaise à certains, le Liban est un pays de culture arabe, membre fondateur de la Ligue Arabe, et dont la langue officielle est l’arabe. Afin de construire une véritable identité il faut que tout le peuple libanais soit sur la même longueur d’onde.
Il est impératif de changer la façon dont nous communiquons entre nous. Il y va de l’avenir de notre nation…
E.C